À la question « qu’est-ce que le courage ? »

À la question « qu’est-ce que le courage ? »


« Alors des volcans éclatèrent, les roches ignées jaillissaient des montagnes ; et la pâte des porphyres et des basaltes qui coulait, se figea. » G. Flaubert

Le courage commence par cette intranquilité en nous. Se sentir dé-rangé. Sortir du sommeil de plomb qui nous inhibe, nous coule et nous fige.

Le courage commence par un frémissement, une tension qui pousse, comme un petit caillou dans nos âmes tranquilles. Quelque chose nous saisit. Nous sommes interpelés, appelés à une ouverture, à une écoute de ce qui précisément, là, aspire à jaillir.

Le courage commence par réveiller notre nature ignée : oser prendre la route du feu, la destructrice, la créatrice, celle qui révèlera l’être par la transformation alchimique du plomb en or.

« Les hommes ont la possibilité de brûler, d’entrer en contact avec un feu intérieur, de vivre une vie de substance, d’être changés de fond en comble. » B. Hooks

Le courage c’est ne pas se dérober à la vie qui nous appelle parce que c’est difficile.

Le courage c’est prendre un autre chemin que celui des renoncements habituels et c’est ainsi savoir commencer. Par « commencer », entendre « naître à soi-même », « convoquer son heure », « franchir le seuil de la décision inaugurale ».

Le courage c’est se placer sous son propre regard, garder le cap, ne rendant compte qu’à sa propre boussole.

C’est toujours aller de l’avant sans craindre les vents contraires, sans perdre son orient.

C’est la force d’âme qui toujours nous donne l’élan, la curiosité, l’audace, sans considération excessive pour les montagnes qu’il faudra bien traverser.

C’est un oui franc à la vie et à ce qu’elle nous demande, une fois notre flamme ravivée et notre but clarifié.

C’est entrer en fusion avec la vie en train de se faire, et en toute situation.

C’est trouver la manière la plus serrée de lier notre discours et notre vie.

C’est entrer en soi et se mettre tout entier dans nos actes.

C’est devenir ce que nous sommes déjà.

Le plus difficile reste de ne pas s’endormir.
Garder les yeux grands ouverts.
Garder la soif intacte.
L’âme incandescente.

Souviens-toi :
« L’aubépine en fleurs fut mon premier alphabet.
Confort est crime, m’a dit la source en son rocher. »

Texte : Alexandra Valet

illustration : Lola Tinnirello